L'O à la bouche

J'ai toujours une bonne raison de ne pas donner de nouvelles. Mais plus d'un mois sans écrire, ça ne fait pas sérieux.

Tenez, cette fois, j'ai passé plus de temps avec des raies, des saumons, des langoustines et des mérous qu'avec mes frères humains.
Non pas que je me sois, hélas remise à la plongée, ma claustrophobie et une remontée trop rapide ayant eu raison de ma passion pour le Monde de Némo.

Non plus que soudain, je me sois trouvée une nouvelle vocation: sirène.
Egérie, c'est déjà suffisamment dur à porter!

Et puis, malgré mon 200 mètres quatre nages (si, si, c'est vrai, j'ai retrouvé le diplôme au fond d'un carton lors de mon dernier déménagement mais il avait plus de 20 ans!), je ne nage pas assez bien. Et jamais à moins de 26°C...

Juste que j'ai eu l'immense plaisir d'être embarquée dans une formidable aventure, initiée par trois potes, amoureux des belles choses.

Le premier, je le connais depuis 15 ans. Matthieu est photographe. Je l'ai rencontré au temps regretté où je traînais encore mes guêtre sur les bancs du lycée.
Regretté, non parce que je ne suis plus jeune et belle!
Non, parce que j'ai toujours dit que si un jour je gagnais au Loto (il faut avoir des objectifs dans la vie!), outre une maison avec jardin à Paris, une petite bergerie en Corse, quelques paires de chaussures et beaucoup de cadeaux à ceux que j'aime, ce que j'aimerai m'offrir ce sont des études à vie.
J'aurai dû être prof finalement, j'aurai connu chaque jour la satisfaction d'aller à l'école. Quoi que non, vue ma patience légendaire, c'est mieux pour les élèves que je me soit abstenue!

Revenons-en à Matthieu. C'était l'ami de mon mec de l'époque. Phrase un peu pompeuse tant elle laisse présager une longue liste... Bon j'ai eu 15 ans comme vous et comme nous ne sommes plus au XIXe, celui de mes 15 ans n'est pas celui qui partage ma vie aujourd'hui!
Celui qui par contre, qui à l'occasion de retrouvailles virtuelles, (merci Facebook!) à base de "t'as pas changé, qu'est c'tu deviens", comme dans la chanson de celui qui a longtemps formaté mes fantasmes, m'a fait savoir que Matthieu cherchait quelqu'un pour faire les textes d'un projet de livre sur le poisson qu'il avait initié avec deux amis, l'un chef, l'autre graphiste.

Pas la rédaction des recettes, le chef s'en chargeait. Non justement, proposer autre chose en regard des "gueules" des stars du livre.

Déjà passionné de photo à l'époque, Matt en a depuis fait son métier. Je n'avais pas vu son travail, son évolution depuis une dizaine d'années. Ses tentations pour la chair, immortalisées sur une pellicule.
J'avoue qu'avant de le rappeler je l'ai googlelisé, histoire de voir si ses images me parlaient. Et je n'ai pas été déçue!

Parce qu'en 10 ans, il a pas perdu son temps, Matthieu!
Outre le fait d'avoir fait de superbes photos de ce qui se mange, des gestes d'artisans, collaboré à plusieurs livres, il a aussi rencontré Sébastien. Qui se baladait à Lyon des cuisines de Bocuse à celles de la Villa Florentine. Les gourmands savent de quoi je parle.

Photo Matthieu Cellard

35 ans, humble comme tout. MOF dès sa première participation au concours.
Enorme!
Déjà trois étoiles à son actif. Deux à Tokyo, une au Moulin de Mougins. Un vrai chef quoi!

J'avoue qu'un des grands moments de cette année restera cette dégustation Risotto champignons, Saint-Jacques au rutabaga et wasabi et tiramisu.
D'abord parce c'était exquis, on ne conquiert pas une étoile en 7 mois pour rien, mais surtout parce que, luxe suprême, j'ai déjeuné dans la cuisine. Spectatrice gourmande au milieu du ballet des casseroles de cuivre, des couteaux qui dansent, des hommes en blanc qui jouent une partition dans laquelle chacun connaît son rôle... Le fumet des fonds de sauce en note de fond. Comme au cinéma, Ratatouille en vrai!

Le troisième larron de l'aventure est Xavier.
Graphiste dont, maintenant que j'ai vu son travail, je partage le goût pour l'épure, la simplicité et admire la fluidité.

Facebook, photos par mails, essais... qui leur ont plu. C'est comme ça que tout a commencé pour moi.

Presque un an plus tard... Travail accompli, 24 textes sur 40 et un plaisir immense d'avoir eu carte blanche, que ma fantaisie ait rencontré leurs émotions pour ce beau livre grand format qui concilie photos et recettes de chef.
Je suis fière de cet ouvrage, comme j'aimerai l'être de tout ce pour quoi j'ai pu bosser. Parce que je me suis éclatée à le faire, parce que j'ai été libre et que la liberté est mon bien le plus précieux, parce que c'est le genre de livre que j'aime.
Merci messieurs pour ce super cadeau.

Juste l'envie de vous faire partager mon enthousiasme, le plaisir de l'objectif atteint, le bonheur de travailler en confiance. Je n'ai qu'une hâte, l'avoir dans les mains!

J'espère que vous prendrez autant de plaisir à plonger dedans que j'en ai eu à participer à cette belle aventure.

Et puis, Gainsbourg oblige, mes Petits Papiers ne pouvaient décemment pas passer à côté de L'eau à la bouche!

ps: il devrait être en vente autour du 15 décembre aux éditions de l'Epure.
ps2 : il sera en vente à compter du 17 mars 2011 dans toutes les bonnes librairies... les mise-en-place c'est comme en musique, c'est long!!!!!!!!!!!